Ethnologues de l’ombre et de la lumière, L’Harmattan
À compter des années 30, dans le sillage fondateur d’Émile Durkheim, les ethnologues français se distinguent par la qualité de leurs travaux réalisés dans l’espace colonial. Leurs liens avec les pouvoirs civils et militaires sont presque consubstantiels. Les « événements d’Algérie » les mettent en première ligne car les autorités les sollicitent pour les éclairer sur leur portée.
Déjà, au Maroc, Jacques Berque (1910-1995), administrateur civil, avait travaillé auprès du résident général, avant d’être écarté en 1953. En Algérie, Jean Servier, (1918-2000), grand spécialiste de la culture berbère, défend, arguments scientifiques à l’appui, la présence française. Née en Tunisie, Jeanne Favret Saada (1934) est aussi sollicitée tout comme Camille Lacoste-Dujardin (1929-2016), épouse du géographe non conformiste Yves Lacoste. Il y a encore Pierre Bourdieu qui débute dans des travaux ethnographiques. Remarqué par Robert Lacoste, il met sa plume au service du gouvernement général. Un épisode pieusement occulté par ses thuriféraires. Enfin, et ce n’est pas la moindre de ces ethnologues, Germaine Tillion qui retrouve l’Algérie vingt ans après ses premiers travaux dans l’Aurès (1935). Les autorités lui confient la mise en route des « centres sociaux » supposés éteindre la paupérisation des indigènes.
Autant d’analyses et d’efforts qui ne sauveront pas l’Algérie française mais qui montrent une volonté très forte de comprendre les raisons d’un divorce, suite à un mariage un peu forcé…
Michel Cornaton, Nelly Forget, François Marquis, Ethnologues de l’ombre et de la lumière, L’Harmattan, 126 p., 13 €
Hors-série n°9 (automne-hiver 2014). Conquêtes et sociétés coloniales.
Septembre-octobre 2013. Le Midi, les troubadours et les cathares. Le miracle…
Juillet-août 2010. L’Afghanistan, un sacré piège ! Trente siècles d’histoire agitée…
Novembre-décembre 2004. Empereurs et empires européens. Le projet impérial…