La Nouvelle Revue d'Histoire : "L'histoire à l'endroit". Fondée en 2002 par Dominique Venner et dirigée par Philippe Conrad.

Parmi tous les exploits prêtés à Thésée, héros légendaire des Athéniens, le plus célèbre est la mise à mort du Minotaure, monstre crétois à qui les anciennes populations de l’Attique payaient un tribut sanglant.

L’épée de Thésée

Éditorial et sommaire du n°1 (juillet-août 2002)

L’épée de Thésée

Parmi tous les exploits prêtés à Thésée, héros légendaire des Athéniens, le plus célèbre est la mise à mort du Minotaure, monstre crétois à qui les anciennes populations de l’Attique payaient un tribut sanglant. Le récit mythique de la découverte de son héritage, transmis par Pindare et Plutarque, ne peut nous laisser indifférents. Thésée était le fils d’Égée, roi d’Athènes. N’ayant pu avoir un fils de son épouse légitime, Égée écouta le conseil des dieux et engrossa Æthra, fille du roi de Trézène. De cette façon naquit Thésée.

Élevé dans la famille de sa mère, l’enfant ignorait tout de son père. Celui-ci avait ordonné de ne rien lui révéler de ses origines tant qu’il ne serait pas capable de soulever un rocher sous lequel Égée dissimula son épée avant de repartir. Et ainsi fut fait.

Quand Thésée eut seize ans, sa mère le conduisit au rocher. Le jeune homme souleva la pierre sans effort et s’empara de l’épée. Le secret de sa naissance lui fut alors révélé. Derechef, il décida de rejoindre son père, accomplissant durant le voyage une série d’exploits prouvant qu’il était véritablement fils de roi.

Athènes était toujours gouvernée par Égée. Cependant, celui-ci était tombé au pouvoir de la magicienne Médée. Cette dernière comprit qui était Thésée et résolut de l’empoisonner. Pourtant, au cours d’un banquet organisé dans cette intention, Thésée tira son épée pour découper un quartier de viande. Aussitôt son père le reconnut et le sauva. Puis, assuré de la pérennité de son pouvoir, il reprit ses droits et chassa Médée.

À la façon de Thésée, les Français et les Européens sont les dépositaires d’un héritage tout aussi royal, celui de leurs origines et de leur histoire, mais ils ne le savent pas. Cet héritage leur a été celé. Ils ne le retrouveront qu’à la condition de s’en montrer dignes dans les épreuves. Tel est le sens du mythe de l’épée cachée sous la pierre.

Sous des formes voisines, ce mythe de la mémoire retrouvée est présent au cœur des légendes fondatrices des autres grandes cultures européennes, dans les pays celtiques avec l’épée d’Arthur, dans les pays nordiques avec celle de Sigurd. L’une et l’autre de ces épées leur viennent de leurs pères sans qu’ils le sachent. Excalibur a été plantée dans une pierre par le roi Uther avant de mourir. Celle de Sigurd lui vient secrètement de son père Sigmund, via le forgeron Regin qui en a réuni les tronçons brisés.

Une telle similitude ne peut être fortuite. Avec tant d’autres signes, elle manifeste la parenté unissant les peuples européens à travers leurs mythes fondateurs. Le mythe de l’héritage caché nous dit aussi que, sans le savoir, nous mettons nos pas dans ceux de nos pères souvent ignorés.

Métaphore de la royauté, de la droiture et de la vaillance, l’épée désigne un héritage spirituel. Celui-ci ne devient conscient que par un effort de connaissance, fonction par excellence de l’histoire, avec l’enseignement du réel et le rappel de la mémoire collective.

C’est dans cet esprit qu’a été créée La Nouvelle Revue d’Histoire, dont voici le premier numéro. Cette revue est entièrement libre. Son financement est assuré par des lecteurs ayant approuvé ce que nous avons entrepris dans le passé. Elle a été créée par plusieurs historiens las des interprétations partiales et partielles de l’histoire récente ou ancienne.(1)

Elle publiera tout d’abord six numéros par an, parmi lesquels deux numéros spéciaux. Chaque numéro comportera, comme celui-ci, un copieux dossier, accompagné d’articles permettant la découverte d’autres sujets. On y trouvera le portrait d’un grand historien contemporain, réalisé sous la forme d’un entretien, comme celui que nous consacrons à Jacques Dupâquier. On lira aussi un débat autour d’un livre récent et important. Une rubrique d’informations brèves et significatives sera consacrée à l’actualité de l’histoire. Une autre, plus nourrie, fera le point sur les nouveaux ouvrages historiques.

Nous aurons toujours à cœur d’établir un lien vivant avec la culture européenne classique à laquelle nous demanderons les repères et le sens en dehors desquels tout n’est que chaos. Voilà pourquoi nous avons placé ce premier numéro sous l’invocation de Thésée.

Dominique Venner

Photo : Edward Burne-Jones (1833-1898), Thésée et le Minotaure dans le Labyrinthe, 1861. Birmingham Museum and Art Gallery (détail).

Notes

  1. Le 9 décembre 1999, à Paris, au cours d’une conférence publique, cinq historiens, Philippe Conrad, François-Georges Dreyfus, Bernard Lugan, Philippe Masson et Dominique Venner, avaient lancé un appel pour la création d’une nouvelle revue d’histoire libre et intègre. Un comité scientifique est en cours de constitution.

La Nouvelle Revue d’Histoire n°1 – juillet/août 2002

Actualité
Éditorial

Par Dominique Venner

Portrait/Entretien

Jacques Dupâquier. Propos recueillis par Patrick Jansen

Découvertes
  • Histoire de l’Égypte. Par Bernard Lugan
  • Isabelle d’Este : une femme d’exception dans le chaos des guerres d’Italie. Par Pauline Lecomte
  • Quand la gauche inventait l’art de piéger la droite. Par Marc Crapez
  • Français d’Algérie : une histoire occultée. Par Régis Constans
  • La crise de la démocratie dans l’Europe des années 1930. Par François-Georges Dreyfus
  • Le Dictionnaire de l���Alsace singulière. Entretien avec Jean-Jacques Mourreau
  • L’Histoire c’est la vie. Par Vladimir Volkoff
Dossier. 5000 ans de civilisation européenne
  • Ouverture. Par Dominique Venner
  • Le legs indo-européen. Par Hervé Coutau-Bégarie
  • Préhistoire des Européens. Chronologie
  • L’héritage des anciens Grecs. Par François Chamoux
  • Nos ancêtres, les Celtes. Par Myles Dillon
  • La philosophie et la communauté de culture occidentale. Par Pierre Hadot
  • Que devons-nous à Rome ? Par Lucien Jerphagnon
  • La redécouverte de l’antiquité nordique. Par François-Xavier Dillmann
  • La mémoire ancienne du christianisme médiéval. Par Philippe Walter
  • Slaves et Européens. Par Slobodan Despot
  • Les Turcs contre l’Europe. Par Philippe Conrad
  • La femme en Occident. Par Dominique Venner
  • La fable de la transmission arabe du savoir antique. Par Jacques Heers
  • L’Europe Française. Par François Bluche
  • Fonction de la noblesse dans la civilisation européenne. Par Karl-Ferdinand Werner
  • Jeu. Contrôlez vos connaissances
Livres

Le débat. Histoire et traditions des Européens. Pol Vandromme, Éric Werner et Luc Saint-étienne

Actualité littéraire
Réponses du jeu
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