La Nouvelle Revue d'Histoire : "L'histoire à l'endroit". Fondée en 2002 par Dominique Venner et dirigée par Philippe Conrad.

Autant d’analyses et d’efforts qui ne sauveront pas l’Algérie française mais qui montrent une volonté très forte de comprendre les raisons d’un divorce, suite à un mariage un peu forcé…

Les ethnologues et la guerre d’Algérie

Les ethnologues et la guerre d’Algérie

Source : La Nouvelle Revue d’Histoire n°85, juillet-août 2016. Pour retrouver ce numéro, rendez-vous sur la e-boutique en cliquant ici.

C’est le type même d’ouvrage qu’il faut lire pour bien approcher la guerre d’Algérie, ses origines, son cheminement et sa conclusion.

Ethnologues de l’ombre et de la lumière, L’Harmattan

Ethnologues de l’ombre et de la lumière, L’Harmattan

À compter des années 30, dans le sillage fondateur d’Émile Durkheim, les ethnologues français se distinguent par la qualité de leurs travaux réalisés dans l’espace colonial. Leurs liens avec les pouvoirs civils et militaires sont presque consubstantiels. Les « événements d’Algérie » les mettent en première ligne car les autorités les sollicitent pour les éclairer sur leur portée.

Déjà, au Maroc, Jacques Berque (1910-1995), administrateur civil, avait travaillé auprès du résident général, avant d’être écarté en 1953. En Algérie, Jean Servier, (1918-2000), grand spécialiste de la culture berbère, défend, arguments scientifiques à l’appui, la présence française. Née en Tunisie, Jeanne Favret Saada (1934) est aussi sollicitée tout comme Camille Lacoste-Dujardin (1929-2016), épouse du géographe non conformiste Yves Lacoste. Il y a encore Pierre Bourdieu qui débute dans des travaux ethnographiques. Remarqué par Robert Lacoste, il met sa plume au service du gouvernement général. Un épisode pieusement occulté par ses thuriféraires. Enfin, et ce n’est pas la moindre de ces ethnologues, Germaine Tillion qui retrouve l’Algérie vingt ans après ses premiers travaux dans l’Aurès (1935). Les autorités lui confient la mise en route des « centres sociaux » supposés éteindre la paupérisation des indigènes.

Autant d’analyses et d’efforts qui ne sauveront pas l’Algérie française mais qui montrent une volonté très forte de comprendre les raisons d’un divorce, suite à un mariage un peu forcé…

À propos de

Michel Cornaton, Nelly Forget, François Marquis, Ethnologues de l’ombre et de la lumière, L’Harmattan, 126 p., 13 €

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