La Nouvelle Revue d'Histoire : "L'histoire à l'endroit". Fondée en 2002 par Dominique Venner et dirigée par Philippe Conrad.

Il fallait l’immense érudition de Jean Favier pour retracer avec exactitude, sans condamner ni réhabiliter, l’itinéraire d’un personnage aussi tristement célèbre.

Pierre Cauchon. Comment on devient le juge de Jeanne d’Arc

Pierre Cauchon. Comment on devient le juge de Jeanne d’Arc

Source : La Nouvelle Revue d’Histoire n°51, novembre-décembre 2010. Pour retrouver ce numéro, rendez-vous sur la e-boutique en cliquant ici.

Sans condamner ni réhabiliter, l’itinéraire d’un inconnu célèbre restitué dans le contexte de son époque troublée.

Pierre Cauchon. Comment on devient le juge de Jeanne d’Arc

Pierre Cauchon. Comment on devient le juge de Jeanne d’Arc

Il fallait l’immense érudition de Jean Favier pour retracer avec exactitude, sans condamner ni réhabiliter, l’itinéraire d’un personnage aussi tristement célèbre que le juge de Jeanne d’Arc. Il portait un nom qui prêtait à une éternelle malédiction, en raison de son analogie phonétique avec un certain animal prisé pour la saveur multiple de sa chair, et méprisé pour sa réputation d’odieuse saleté.

Chartiste, universitaire et médiéviste réputé, membre de l’Institut, président de la Bibliothèque nationale de France, auteur d’un imposant Dictionnaire de la France médiévale, et d’une galerie d’ouvrages aussi réputés que Philippe le Bel, Charlemagne, Louis XI, Les Plantagenêts ou Les Papes d’Avignon, Jean Favier offre ici une description fouillée de tout l’environnement historique et social qui permet de comprendre le personnage de Pierre Cauchon. Il fut l’un des maîtres de l’Université de son temps, évêque de Beauvais et homme lige du parti bourguignon et des Anglais en cette fin d’une guerre de Cent Ans. Une guerre qui avait commencé en réalité beaucoup plus tôt que cette période canonique d’un siècle.

Oui, c’est l’immense intérêt de cet ouvrage savant que de faire pénétrer, avec une érudition stupéfiante, dans l’intimité d’une époque trop souvent simplifiée, avant d’en venir au personnage central.

Ni Cauchon ni ses semblables, explique Jean Favier, ne sont apparus brutalement au premier plan de l’histoire. Aucun ne sort du néant. Tous sont les héritiers de ce qui a commencé au moins trois générations avant eux. Une histoire qui a vu s’effondrer un monde de certitudes. Deux papes, et bientôt trois, se disputant la tête de l’Église et la foi des fidèles. Un roi enfant (Charles V), puis un roi fou (Charles VI), et maintenant deux rois, le Français Charles VII et un roi anglais (Henri VI de Lancastre, représenté par son oncle, le duc de Bedford) qui apparaît à une bonne moitié du royaume comme un recours… Un royaume divisé entre deux partis, celui que représente le duc de Bourgogne, allié aux Anglais, et celui qu’a symbolisé son adversaire, Bernard d’Armagnac.

Et pour les maîtres de l’Université, la seule, celle de Paris, les tentations, les équivoques, les ambitions sur le théâtre d’un monde dont personne ne peut prévoir les lendemains. En ce temps-là, comme en tous les temps, l’histoire est imprévisible. Comment choisir ? C’est l’une des questions qui s’est posée à Cauchon. Il faut être reconnaissant à Jean Favier de faire découvrir, derrière les images convenues, cette réalité fondamentale.

Charles Vaugeois

À propos de

Pierre Cauchon. Comment on devient le juge de Jeanne d’Arc. Par Jean Favier, Fayard, 725 p., 27 €

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