La Nouvelle Revue d'Histoire : "L'histoire à l'endroit". Fondée en 2002 par Dominique Venner et dirigée par Philippe Conrad.

Selon Petitfils, Louis XIII n’a pas eu de chance. Éclipsé par le panache blanc de son père, Henri IV, occulté par l’éblouissante renommée ultérieure de son fils, Louis XIV, il semble jouer de malheur. Il fut ainsi livré au jugement trop souvent injuste de la postérité.

Louis XIII

Louis XIII, par Jean-Christian Petitfils

Source : La Nouvelle Revue d’Histoire n°39, novembre-décembre 2008. Pour retrouver ce numéro, rendez-vous sur la e-boutique en cliquant ici.

Le peintre Philippe de Champaigne qui a tant fait pour la gloire de Richelieu, campé en « homme rouge » dans un célèbre tableau, n’a pas flatté Louis XIII. Sans doute le modèle offert à son pinceau était-il peu séduisant.Visage lourd et disgracieux, timidité accentuée par le bégaiement, personnalité dominée par l’ennui, sauf quand battent les tambours de la guerre. Si l’on en croit son nouveau biographe, ce roi fut ainsi livré au jugement trop souvent injuste de la postérité. Déjà auteur de talentueuses études qui font autorité, notamment un Louis XIV et un très éclairant Louis XVI, Jean-Christian Petitfils ne se cache pas de vouloir réhabiliter Louis XIII qu’a masqué la stature écrasante de son ministre.

Louis XIII, par Jean-Christian Petitfils

Louis XIII, par Jean-Christian Petitfils

Selon Petitfils, Louis XIII n’a pas eu de chance. Éclipsé par le panache blanc de son père, Henri IV, occulté par l’éblouissante renommée ultérieure de son fils, Louis XIV, il semble jouer de malheur. Il fut tout d’abord dominé par sa mère, l’ambitieuse Marie de Médicis. Puis, durant vingt-deux ans, il se révéla incapable de faire un enfant à son épouse, la jolie Anne d’Autriche, espagnole de naissance, longtemps allergique à son époux et à son royaume d’adoption. Si l’on ajoute à ces infortunes une santé chancelante et une tendance irrépressible à la mélancolie, on comprend que le roi n’incitait pas à rêver. D’Alexandre Dumas à Victor Hugo, la littérature populaire ne l’a pas épargné.

Pour Jean-Christian Petitfils, cette image terne est une injustice qu’il entreprend de réparer. Il rappelle l’audace que fut le coup d’État du jeune monarque, faisant assassiner Concini, favori de la reine mère, afin de prendre effectivement les rênes du pouvoir. Quant à Richelieu, sans diminuer ses mérites, l’historien montre que le choix de ce grand ministre fut exclusivement celui du roi. Fébrile, nerveux à l’extrême, sujet à des crises de larmes (comme plus tard Bismarck), le cardinal vivait dans la hantise d’être congédié et de connaître le sort tragique de Concini. « Sans Richelieu, écrit Petitfils, pas de Louis XIII, mais sans Louis XIII, pas de Richelieu ! » Leur œuvre fut commune et immense.

À la mort du roi, les menaces extérieures sont atténuées. L’étau de la maison d’Autriche a été desserré. L’Espagne est à genoux. Le royaume s’est emparé de provinces utiles à sa sûreté : l’Artois et le Roussillon. La révolte protestante a été matée par la liquidation de La Rochelle. Le roi et son ministre ont porté à bout de bras une monarchie renouvelée. Tout était en place pour que s’impose, au règne suivant, la monarchie administrative et absolue. Fut-ce un bien pour la France et les Français ? Petitfils le pense sincèrement. Mais, à la suite de Burke ou de Tocqueville, et grâce aux travaux récents d’Yves-Marie Bercé, d’Arlette Jouanna ou de Jean-Marie Constant, on ne peut ignorer combien ce pouvoir centralisateur, en éliminant la vigueur de la noblesse et des corps intermédiaires, a contribué à faire de la France une sorte de désert d’individus déracinés après avoir fabriqué la Révolution.

Dominique Venner

À propos de

Louis XIII. Par Jean-Christian Petitfils, Perrin, 970 p., 28 €

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