Pâques 1916, renaissance de l’Irlande, de Philippe Maxence
L’insurrection du 24 avril 1916 à Dublin, mouvement d’avance voué à l’échec par la défection annoncée de certains de ses protagonistes, constituait, d’un point de vue politique et stratégique, une tragique sottise.
Ni Padraic Pearse, qui en fut l’âme, ni aucun de ses camarades, pas même le pragmatique dirigeant socialiste James Connolly, chef de l’Irish Citizen Army, ne l’ignoraient. Mais, en bons Celtes, ils savaient aussi que certains sacrifices en apparence gratuits, certaines folies sublimes, font plus pour l’avancement d’une cause que tous les calculs habiles, toutes les négociations et toute la raison du monde.
Pearse et les autres perdirent leur bataille de Dublin, c’était inévitable, et ils en moururent, ce qu’ils avaient accepté. Cependant, ils arrachèrent à l’Angleterre ce qu’elle refusait à l’Irlande depuis sept siècles : l’indépendance cinq ans plus tard.
Sans doute avaient-ils médité cette affirmation d’un fenian de 1848 : « Un jour, quelque part, il faut bien que quelqu’un commence, et le premier acte de résistance sera toujours imprudent, prématuré et dangereux. »
Précisément parce que les Pâques irlandaises de 1916 sont le paradoxal « triomphe de l’échec », elles n’ont jamais cessé de représenter, dans la médiocrité et le matérialisme du monde moderne, un idéal de grandeur, une leçon de courage et d’espoir.
Philippe Maxence propose, de l’insurrection, de ses prémices et de ses conséquences, un récit clair et concis, quoique jamais dépourvu d’émotion et qui fait la part belle aux « héros de 1916 ». Mais, au-delà de ce rappel historique ému, son livre s’impose comme une somme en raison des dictionnaires, des chronologies et des documents qui l’accompagnent.
Dictionnaires des protagonistes irlandais, des protagonistes britanniques, des institutions, mouvements et associations irlandais, des institutions, mouvements et associations britanniques offrent une suite de longues notices circonstanciées, la plupart accompagnées de photographies, extrêmement utiles. Suivent, entre autres, en traduction : la déclaration unioniste de 1912, la proclamation de l’indépendance dont Pearse était l’auteur, l’acte de reddition de 1916, des tableaux des pertes du Rising, la déclaration d’indépendance de 1919, le texte du traité de 1921, les Constitutions irlandaises successives, la liste des chefs du gouvernement irlandais et des présidents, celle des vice-rois et des lords lieutenants, une chronologie générale, et les paroles des hymnes officiels de l’Irlande, The Soldier’s Song et God Save Ireland !
Un livre de référence indispensable, donc, mais aussi une leçon pour tous ceux qui n’accepteront jamais de vivre asservis, « dût-on leur faire les plus douces conditions d’asservissement ».
Anne Bernet
À propos de
Philippe Maxence, Pâques 1916, renaissance de l’Irlande, éd. Via Romana, 400 p., 29 €
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