La Nouvelle Revue d'Histoire : "L'histoire à l'endroit". Fondée en 2002 par Dominique Venner et dirigée par Philippe Conrad.

La fortune de Quo vadis ? commençait. Ce « roman des temps néroniens » avait, il est vrai, de quoi fasciner. Sous des dehors sages et dévots, ses pages charriaient torrentueusement des idées qui l’étaient beaucoup moins.

Quo vadis ? De Henryk Sienkiewicz

Quo vadis ? De Henryk Sienkiewicz

Source : La Nouvelle Revue d’Histoire n°3, novembre-décembre 2002. Pour retrouver ce numéro, rendez-vous sur la e-boutique en cliquant ici.

En 1900, La Revue Blanche publiait le dernier livre du Polonais Henryk Sienkiewicz, déjà très connu chez lui pour ses romans patriotiques. L’œuvre vaudra à son auteur une gloire internationale, puis le prix Nobel de littérature.

Quo vadis ? Par Henryk Sienkiewicz

Quo vadis ? Par Henryk Sienkiewicz

La fortune de Quo vadis ? commençait. Ce « roman des temps néroniens » avait, il est vrai, de quoi fasciner. Sous des dehors sages et dévots, ses pages charriaient torrentueusement des idées qui l’étaient beaucoup moins. À bien y regarder, le personnage le plus fascinant n’était pas la délicate Lygie, ni le beau Marcus Vinicius qui se convertissait au Christ pour l’amour de la jeune captive barbare, mais Pétrone, le sulfureux auteur du Satiricon, l’arbitre des élégances de la cour de Néron, agnostique convaincu et charmant. Néron lui-même, tout monstre que Sienkiewicz le peignait, avait une étonnante présence. Tant et si bien que ce roman chrétien pouvait, et Montherlant qui en raffolait ne se privait pas de le démontrer, être lu comme une apologie du paganisme. Quant aux scènes de martyres, morceaux d’anthologie, elles réservaient des surprises tant elles dégageaient un érotisme subtil pimenté d’un évident sadisme. Tout cela explique le triomphe du livre, et sa durée.

Deux rééditions de Quo vadis ? viennent de paraître. En version intégrale, enfin, la traduction d’origine, et la seule disponible jusque-là, ayant été amputée d’un cinquième du texte. La première est en format classique, tirée sur un beau papier. Le roman a été entièrement retraduit, fort bien. La seconde est une édition de poche, plus abordable et accompagnée d’un appareil de notes énorme, presque trop car il finit par compliquer la lecture au lieu de la simplifier. Pris entre la nécessité de restaurer la version intégrale du roman, le regret de renoncer à la fabuleuse traduction 1900 et la volonté maladroite de la moderniser, l’éditeur est arrivé à un résultat peu satisfaisant, laissant une impression de rapiéçage.

À propos de

Quo vadis ? Par Henryk Sienkiewicz, Buchet-Chastel, 705 p., 23 €, Livre de poche, 703 p., 7,60 €

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