Vendée – La Nouvelle Revue d'Histoire https://www.la-nrh.fr L'histoire à l'endroit Wed, 04 Oct 2017 05:25:19 +0000 fr-FR hourly 1 Faire de l’histoire autrement. Entretien avec Philippe de Villiers https://www.la-nrh.fr/2017/01/faire-de-lhistoire-autrement-entretien-avec-philippe-de-villiers/ https://www.la-nrh.fr/2017/01/faire-de-lhistoire-autrement-entretien-avec-philippe-de-villiers/#respond Sun, 15 Jan 2017 10:00:24 +0000 https://www.la-nrh.fr/?p=3587 Faire de l’histoire autrement. Entretien avec Philippe de Villiers
Homme politique au parcours atypique, Philippe de Villiers a surtout été le fondateur du spectacle et du parc culturel du Puy du Fou. Il a sorti de l’oubli le martyre subi par la Vendée à l’époque de la Révolution, mais a aussi ouvert de nouvelles perspectives à la transmission de l’histoire et de la mémoire et occupe ainsi, en France et en Europe, une place majeure dans le combat en cours pour le réveil de nos identités.]]>
Faire de l’histoire autrement. Entretien avec Philippe de Villiers
Source : La Nouvelle Revue d’Histoire n°88, janvier-février 2017. Pour retrouver ce numéro, rendez-vous sur la e-boutique en cliquant ici.

Homme politique au parcours atypique, Philippe de Villiers a surtout été le fondateur du spectacle et du parc culturel du Puy du Fou. Il a sorti de l’oubli le martyre subi par la Vendée à l’époque de la Révolution, mais a aussi ouvert de nouvelles perspectives à la transmission de l’histoire et de la mémoire et occupe ainsi, en France et en Europe, une place majeure dans le combat en cours pour le réveil de nos identités. Propos recueillis par Philippe Conrad.

La Nouvelle Revue d’Histoire : Quels ont été votre parcours personnel et les principales étapes de votre formation ?

Philippe de Villiers : Né à Boulogne – en Vendée à proximité des Lucs, l’Oradour vendéen – je suis en fait un Vendéen par le sol, avec des origines normande et lorraine du côté de mon père, catalane du côté de ma mère. Je suis à la fois l’héritier d’une tradition militaire par mon ancêtre le maréchal de Ségur, qui participa à la guerre d’Indépendance américaine et d’une tradition littéraire ou artistique via la comtesse de Ségur, le célèbre auteur du siècle suivant. Mon grand-père a été tué lors des combats du Grand Couronné livrés devant Nancy en septembre 1914 et mon père, officier lui aussi, a servi sous les ordres de De Lattre. Après des études secondaires dans un collège catholique de Fontenay-le-Comte, j’ai été étudiant à Sciences Po et reçu au concours de l’ENA, avant de commencer une carrière de haut fonctionnaire à laquelle j’ai renoncé en 1981, après la victoire de François Mitterrand à l’élection présidentielle.

Plus qu’à ma formation académique, je demeure attaché aux expériences de ma vie d’enfant dans la campagne vendéenne où j’ai parlé patois jusqu’à l’âge de treize ans. C’est auprès du cantonnier, du garde-champêtre, du maçon et de ce qu’ils exprimaient que j’ai découvert une Vendée aussi festive qu’attachante. Mais à côté de celle-ci vivait souterrainement une Vendée indicible, aux lèvres closes, scellées d’un signe de croix, une Vendée douloureuse demeurée sans sépulture. Ce contact charnel et spirituel a été déterminant dans la formation de ma vision du monde. J’ai découvert là que l’histoire était tragique, et ressenti aussi la force de la tradition. Et ce, jusque dans le bouleversement des paysages quand on a entrepris de détruire les chênes du bocage au nom des illusions du « progrès ». Pour le reste, je me suis aussi formé à la lecture d’auteurs tels que Bernanos ou Gustave Thibon.

NRH : Vous êtes apparu comme un électron libre dans le paysage politique des trente dernières années. Qu’est-ce qui vous distingue du milieu politicien ?

PdV : Les « professionnels » de la politique sont des monomaniaques qui n’ont pas d’autre horizon, d’autre centre d’intérêt ou d’autre passion que leur propre addiction à leurs perspectives de carrière, loin de ce que devrait être le souci du bien commun, alors que l’engagement politique devrait être vécu comme un service, voire un sacrifice. Pour ce qui me concerne, j’ai découvert la vraie vie dans le monde de l’entreprise ou dans celui de l’écriture. J’ai été, par formation, un administrateur mais davantage un entrepreneur. Je considère que, sur trois décennies de vie politique, la première consiste à parler, la deuxième à se taire et la troisième à écrire. Il ne vous aura pas échappé que les hommes politiques ne se reconnaissent guère dans la deuxième…

NRH : Qu’a représenté et que représente pour vous ce terroir vendéen auquel on vous identifie ?

PdV : La Vendée m’apparaît comme une terre d’exception. Au moment où ont disparu les provinces au profit des départements, l’ancien Bas-Poitou – région plutôt pauvre et délaissée du Grand Ouest – est devenu une « province de l’esprit » en s’affirmant comme une terre rebelle et réfractaire, une terre de souffrance où succombèrent par dizaines de milliers des martyrs demeurés sans sépulture. Au cours des années qui suivirent la Révolution, cette terre d’épreuves fut littéralement « sortie de l’histoire » et ce n’est que marginalement qu’au XIXe siècle le souvenir de la tragédie de 1793-1794 put se maintenir, dans la mesure où la République finalement victorieuse ne pouvait reconnaître ce crime fondateur.

J’étais frappé, étant enfant, par ce champ de La Braille dont le nom surprenant rappelait les cris lancés par les enfants qui y étaient massacrés. Ce passé-là m’obligeait à rendre aux Vendéens leur mémoire enfouie. J’ai voulu servir la Vendée parce que j’avais une dette envers elle pour l’enfance heureuse que j’y ai passée mais aussi parce que j’entendais mettre en oeuvre un acte de réparation pour l’oubli de son martyre. Je vous ai dit que j’étais un Vendéen par le droit du sol mais, du côté maternel, j’ai une lointaine ancêtre, Élisabeth Bénigne de Montsorbier, qui fut une amazone de Charette.

NRH : Vous avez publié des livres d’histoire, notamment des biographies. Quels critères ont commandé le choix des personnages retenus ?

PdV : Je me suis notamment intéressé à trois personnages : Charette, Saint Louis et Jeanne d’Arc, qui incarnent à mes yeux les trois vertus de Résistance, de Tempérance et d’Espérance. De tous les chefs de l’insurrection vendéenne, Charette est sans nul doute la personnalité la plus riche et la plus romantique. Il est l’inventeur de la guérilla et meurt en héros, comme nous le rappelons dans le dernier spectacle mis en scène au Puy du Fou intitulé « Le Dernier Panache ». Nos visiteurs sont fortement impressionnés par ce parcours d’un homme qui meurt en commandant lui-même le feu de son peloton d’exécution.

Charette a eu deux vies. Avant d’être l’un des chefs de la résistance vendéenne, il a combattu comme officier de marine au cours de la guerre d’Indépendance américaine et participé, à vingt-quatre ans, à la bataille des Saintes. En Méditerranée orientale, il souhaite la victoire des Grecs insurgés contre les Turcs ottomans, car il voit dans leur lutte un combat pour la liberté et la justice. Sa gloire dépasse largement nos frontières, et notre spectacle du Puy du Fou évoquant son parcours a obtenu un Oscar à Los Angeles.

J’admire chez Saint Louis son souci d’une politique sacrificielle qui le fait s’effacer derrière sa fonction. Je suis ému qu’il meure allongé sur un lit de cendres, les bras en croix à la manière des Cisterciens. Il est aussi un souverain attaché à la justice, une justice qui n’épargne pas les puissants. (…)

Cet entretien est disponible en intégralité dans le n°88 de La Nouvelle Revue d’Histoire, disponible à l’achat dans la boutique en ligne (papier et PDF).

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Éditorial et sommaire du n°62 (septembre-octobre 2012) https://www.la-nrh.fr/2012/09/editorial-et-sommaire-du-n62-septembre-octobre-2012/ https://www.la-nrh.fr/2012/09/editorial-et-sommaire-du-n62-septembre-octobre-2012/#respond Sat, 01 Sep 2012 08:00:58 +0000 https://www.la-nrh.fr/?p=1080 Éditorial et sommaire du n°62 (septembre-octobre 2012)
Ceux qui ont été happés dans leur jeunesse par les sortilèges de l’action politique restent souvent tentés de rechercher des solutions politiques à l’effondrement de notre ancienne civilisation européenne, en témoins stupéfaits et révoltés.]]>
Éditorial et sommaire du n°62 (septembre-octobre 2012)

Le souvenir d’un élan héroïque

Ceux qui ont été happés dans leur jeunesse par les sortilèges de l’action politique restent souvent tentés de rechercher des solutions politiques à l’effondrement de notre ancienne civilisation européenne, en témoins stupéfaits et révoltés. À eux se pose l’éternelle question du « Que faire ? »

Qu’est-ce que notre époque peut retirer des exemples et des échecs des « droites radicales » européennes d’autrefois ? Certainement pas des recettes politiques. On ne reverra plus ce qu’elles ont vécu, pas plus qu’on ne reverra le siècle de Louis XIV ou celui des Hohenstaufen. Il n’y aura plus jamais en Europe de « Grand Soir » à la façon de 1917, ni de révolution « immense et rouge » sur le mode fasciste. Non seulement c’est fini, mais nous savons que les espérances placées dans ces révolutions ont souvent très mal tourné, les meilleures intentions ayant souvent viré au cauchemar et aux catastrophes. Ce qui subsiste, c’est la constante leçon de l’hétérotélie : un grand projet volontariste aboutit souvent à des résultats opposés aux intentions. L’espérance libératrice de 1789 accoucha de la Terreur puis de la dictature napoléonienne. L’espoir d’une révolution communiste égalitaire aboutit aux tueries du stalinisme puis au colossal échec de 1989. L’espérance d’une nouvelle chevalerie présente dans le fascisme et le national-socialisme enfanta les boucheries de la Seconde Guerre mondiale et la destruction de toute une civilisation…

Alors ? Ce qui subsiste des « droites radicales » c’est le souvenir d’un élan héroïque pour s’arracher aux pesanteurs du matérialisme, aux lois de l’économie, comme disaient les réprouvés d’Ernst von Salomon. Un élan poétique vers un horizon de grandeur et de beauté. Cela peut subsister dans des cœurs ardents, non pour imiter ce qui ne sera plus, mais pour inspirer de nouvelles énergies.

Devant le vide sous nos pieds, la voracité démente du système financier, que faire pour y mettre fin sans revenir aux erreurs et horreurs du socialisme réel que fut le stalinisme ? La réponse n’est pas claire… C’est qu’il y a peu de vraies réponses politiques, sociales ou économiques à la folie de l’illimité. Les catastrophes prévisibles échappent au politique. Désolé pour ceux qui ont besoin de rêver à un système parfait, à une nouvelle utopie. Et je ne doute pas que de nouvelles utopies puissent encore surgir, bien que les Européens aient épuisé toutes les illusions sorties de leur cerveau imaginatif entre le XVIe et le XXe siècle. Mais sait-on jamais. L’oubli aidant, on verra sans doute resurgir ici ou là un « Front de gauche » rêvant d’un nouveau 1917, ou encore un « Front de droite » imaginant un humanisme viril, comme disaient les jeunes soldats de la classe soixante.

Pour me faire comprendre, je vais dire les choses autrement. Quand on est affronté à un système perçu comme insupportable ou catastrophique, un mouvement élémentaire de révolte et de bonne santé conduit à imaginer deux types de solution. La solution systémique ou la solution spiritualiste. La première imagine un autre système politique et social à travers une révolution. La seconde vise à une transformation des hommes par la propagation d’une autre vision de la vie, d’une autre spiritualité ou d’une autre philosophie. C’est ce que firent le stoïcisme dans la Rome impériale ou le confucianisme auprès des élites chinoises. C’est aussi ce que fit le christianisme après son adoption comme religion d’État de l’Empire romain. Les effets n’ont pas toujours coïncidé avec les intentions, mais le stoïcisme, par exemple, a continué d’imprégner fortement toute une part de l’éducation chrétienne puis laïque pendant des siècles, n’ayant rien perdu de son pouvoir formateur. C’est dire la force des « réformes intellectuelles et morales » quand elles répondent à une attente.

Que notre époque, en Europe, soit en demande d’une profonde réforme intellectuelle et morale, c’est l’évidence. Mais, pour se réformer, suffit-il de s’indigner comme l’a proposé un trop habile pamphlet, caressant les molles aspirations des bobos ? J’en doute. À l’inverse, l’élan d’énergie qui animait la meilleure part des « droites radicales » d’autrefois ne pourrait-il contribuer à une telle réforme ? C’est une question que l’on peut poser.

Dominique Venner

Courrier des lecteurs
Éditorial

Le souvenir d’un élan héroïque. Par Dominique Venner

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Dossier. Les droites radicales en Europe 1900-1960
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