terrorisme – La Nouvelle Revue d'Histoire https://www.la-nrh.fr L'histoire à l'endroit Tue, 22 Aug 2017 11:56:13 +0000 fr-FR hourly 1 Éditorial et sommaire du HS n°13 (automne-hiver 2016) https://www.la-nrh.fr/2016/11/editorial-et-sommaire-du-hs-n13-automne-hiver-2016/ https://www.la-nrh.fr/2016/11/editorial-et-sommaire-du-hs-n13-automne-hiver-2016/#comments Wed, 30 Nov 2016 00:11:13 +0000 https://www.la-nrh.fr/?p=3316 Éditorial et sommaire du HS n°13 (automne-hiver 2016)
La définition du phénomène demeure incomplète, au point que les grilles d’interprétation utilisées pour en rendre compte apparaissent dangereusement obsolètes, le mot « terrorisme » désignant souvent des réalités bien différentes.]]>
Éditorial et sommaire du HS n°13 (automne-hiver 2016)

Comprendre le terrorisme et relever le défi

Semant l’inquiétude et suscitant une condamnation générale, le « terrorisme » s’est progressivement installé au premier rang des préoccupations des Français. Mais, demeure le sentiment diffus qu’il n’a pas été analysé pour ce qu’il est, que les dirigeants des pays occidentaux n’ont pas évalué correctement la nature du défi qui leur est lancé. La définition du phénomène demeure incomplète, au point que les grilles d’interprétation utilisées pour en rendre compte apparaissent dangereusement obsolètes, le mot « terrorisme » désignant souvent des réalités bien différentes.

Si l’on se réfère à l’étymologie, le latin terrere signifie « terrifier » ou « effrayer », mais le mot peut recouvrir des acceptions très larges. Il apparaît dès 1794 pour rendre compte de la politique de « Terreur » mise en œuvre à partir de l’automne 1793 par le Comité de salut public pour sauver la République menacée. Cette terreur organisée par l’État n’a guère à voir avec les violences aveugles exercées par des minorités se jugeant opprimées. Dans un autre registre, le tyrannicide légitimé par les clercs, notamment dans le contexte des guerres religieuses de l’époque moderne correspond à un contexte bien particulier. L’assassin d’Henri III ou les conspirateurs qui tentent de faire sauter le Parlement anglais appartiennent à un autre monde de croyances et de représentations.

La machine infernale de la rue Saint-Nicaise, qui doit tuer le Premier Consul Napoléon Bonaparte s’inscrit davantage dans notre vision contemporaine du terrorisme, tout comme l’attentat qui coûte la vie – à Marseille, en octobre 1934 – au roi Alexandre de Yougoslavie. Il s’agit là, en faisant disparaître un chef d’État, de créer les conditions d’un chaos dont on attend qu’il permette de changer la situation politique mais l’attentat, réussi ou non, n’est qu’un épisode d’une lutte pour le pouvoir, il ne signifie pas une volonté de bouleversement radical de l’ordre établi et de la société dans son ensemble.

L’émergence du sentiment national va bientôt fournir, à partir du XIXe siècle, une légitimité nouvelle aux actions violentes de peuples luttant pour leur émancipation, des Irlandais rebelles aux Macédoniens privés d’État lors des recompositions territoriales balkaniques, des combattants de l’Irgoun sioniste aux fellaghas algériens. Selon le point de vue adopté à propos de ces différents conflits, le « terroriste » peut se transformer en « résistant », sans qu’il soit possible de départager sans appel les différents acteurs, le cas de l’interminable conflit israélo-palestinien demeurant exemplaire à cet égard.

Le terrorisme révolutionnaire visant à abattre l’ordre politique et social existant est d’une autre nature. Les nihilistes russes champions de la « table rase », les militants de la Fraction armée rouge allemande d’Andreas Baader hostiles à « l’impérialisme », ceux des Brigades rouges déterminés à établir un « pouvoir ouvrier » aux contours des plus flous se reconnaissent dans leur volonté commune du recours à la violence sachant que celle-ci, selon la formule de Raymond Aron, va obtenir « des effets psychologiques hors de proportion avec ses résultats physiques. » Elle doit intimider et faire peur, afin de créer les conditions d’un chaos dont on espère qu’il mobilisera « les masses » en vue du triomphe de la Révolution, porteuse des éternels « lendemains qui chantent ». Il faut toutefois constater que, le plus souvent, les capacités de résilience des sociétés ont permis de venir à bout des minorités violentes.

Le terrorisme auquel nous sommes confrontés aujourd’hui est d’une nature différente. Il ne vise pas le triomphe d’une idéologie révolutionnaire telle que celles que nous avons connues depuis deux siècles, il ne revendique aucun territoire particulier. Il vise en revanche l’établissement d’un Dar al-Islam appelé à se confondre avec l’ensemble du monde. La bataille engagée dans un monde musulman, fort d’un milliard trois cents millions d’âmes apparaît, de ce point de vue, décisive car la victoire des islamistes, aujourd’hui encore minoritaires, signifierait la fatalité d’un « choc des civilisations » porteur de terribles conséquences.

Philippe Conrad

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Au sommaire de ce numéro

– Éditorial. Comprendre le terrorisme et relever le défi. Par Philippe Conrad
– Les “Assassins”, le modèle originel du terrorisme ? Par Philippe Conrad
– 1605. La conspiration des poudres. Par Evelyne Navarre
– Le chariot piégé de la rue Saint-Nicaise. Par Martin Benoist
– La “machine infernale” de Fieschi. Par Philippe Parroy
– 1858. Orsoni entend venger l’Italie trahie. Par Christian Lépagnot
– Le nihilisme russe ou la “table rase”. Par Philippe Parroy
– Ravachol, les anarchistes et la République. Par Philippe Fraimbois
– L’Oustacha croate de 1929 à 1945. Par Philippe Conrad
– Les pionniers du sionisme recourent à la terreur. Par Philippe Parroy
– Le terrorisme, l’arme du FLN. Par Roger Vétillard
– La nouvelle guerre de l’IRA. Par Evelyne Navarre
– La Fraction armée rouge face à la République fédérale allemande. Par Martin Benoist
– L’Italie des “années de plomb”. Par Gabriele Adinolfi
– L’ETA : du nationalisme au marxisme. Par Arnaud Imatz
– Le terrorisme est-il consubstantiel à l’Islam ? Par René Marchand
– Le double financement du terrorisme islamiste. Par Jean-Paul Gourévitch
– Le terrorisme islamiste en France. Histoire et perspectives. Par Yvan Blot

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Éditorial et sommaire du n°4 (janvier-février 2003) https://www.la-nrh.fr/2003/01/editorial-et-sommaire-du-n4-janvier-fevrier-2003/ https://www.la-nrh.fr/2003/01/editorial-et-sommaire-du-n4-janvier-fevrier-2003/#respond Wed, 01 Jan 2003 08:00:19 +0000 https://www.la-nrh.fr/?p=873 Éditorial et sommaire du n°4 (janvier-février 2003)
Voici plusieurs années, dans une situation beaucoup moins dégradée, parlant de l’immigration, le président Giscard d’Estaing avait défini celle-ci comme une invasion.]]>
Éditorial et sommaire du n°4 (janvier-février 2003)

Le défi des civilisations

Que la souffrance soit le passage obligé pour devenir ce que l’on est, voilà peut-être une des pensées les plus fécondes de Nietzsche. Elle s’applique aux individus comme aux peuples, particulièrement aux Européens d’aujourd’hui.

Voici plusieurs années, dans une situation beaucoup moins dégradée, parlant de l’immigration, le président Giscard d’Estaing avait défini celle-ci comme une invasion. Tout récemment, évoquant l’hypothèse d’une admission de la Turquie, il déclarait que ce serait la fin de l’Union européenne, pour cette raison que la Turquie est foncièrement étrangère à la civilisation européenne.

Ce sont des signes à prendre au sérieux. Il y en a d’autres. Qu’aient été traînés devant les tribunaux sous l’accusation de « racisme », parce qu’ils avaient critiqué l’islam, l’écrivain Michel Houellebecq, coqueluche de la gauche parisienne, ou la célèbre journaliste antifasciste Oriana Fallaci, voilà qui prouve que les anciens repères ont sauté. Cela montre aussi que l’islam est ressenti par des Européens de tous horizons comme un péril gravissime.

Mais un péril pour quoi et pour qui, sinon pour notre civilisation ?

Celle-ci ne peut se confondre avec la société transitoire dans laquelle nous vivons provisoirement. Le système américanomorphe est un produit du déclin européen, de la guerre froide et du capitalisme de marché. Il ne s’identifie en rien à notre civilisation. Celle-ci doit être cherchée ailleurs, dans le meilleur de ce qu’elle nous a légué.

Suivant le mot de René Marchand, les grandes civilisations ne sont pas des régions sur une planète, ce sont des planètes différentes. Comme les autres civilisations, celle de la Chine, de l’Inde ou de l’Orient sémitique, la nôtre est d’origine immémoriale. Elle plonge loin dans la Préhistoire (1). Elle repose sur une tradition spécifique qui traverse le temps sous des apparences changeantes. Elle est faite de valeurs spirituelles qui structurent nos comportements et nourrissent nos représentations. Si, par exemple, la simple sexualité est universelle au même titre que l’action de se nourrir, l’amour, lui, est différent dans chaque civilisation, comme est différente la représentation de la féminité, l’art pictural ou la musique. Ce sont les reflets d’une certaine morphologie spirituelle, transmise sans doute par atavisme autant que par acquis. Ces spécificités nous font ce que nous sommes, à nuls autres pareils. Elles constituent notre tradition pérenne, une façon unique d’être des femmes et des hommes devant la vie, la mort, l’amour, l’histoire, le destin. Il faut donc renverser la proposition de Descartes : « C’est parce que je suis de quelque part que je pense ainsi. »

Notre tradition survit dans notre inconscient alors que nous l’avons en partie oubliée, sous l’effet de très anciennes fractures qui ont brisé notre mémoire. Sous l’effet aussi de la croyance dans notre vocation universelle. Héritée du messianisme chrétien et de celui des Lumières, cette croyance a deux défauts majeurs. Elle est fausse et elle est dangereuse.

Cette croyance est fausse car elle nie les autres cultures et les autres civilisations qu’elle voudrait anéantir au profit d’une pseudo-culture mondiale de la consommation. Celle-ci soulève contre elle la révolte de peuples qui la récusent à juste titre, à commencer par ceux de l’Islam.

Cette croyance est dangereuse parce qu’elle enferme les Européens dans un ethnocentrisme négateur des autres cultures. Elle leur interdit de reconnaître que les autres hommes ne sentent pas, ne pensent pas, ne vivent pas comme eux, et que ces particularismes sont légitimes, pour autant qu’on ne veuille pas nous les imposer. Elle est dangereuse parce qu’elle est destructrice de toutes les identités, à commencer par la nôtre. C’est ainsi qu’après avoir colonisé les autres peuples au nom de l’universel, les Européens, spécialement les Français, sont maintenant en voie d’être colonisés au nom du même principe contre lequel ils ne savent pas se défendre.

C’est pourquoi nous commençons à souffrir sans comprendre. Ce n’est qu’un début. Mais de cette souffrance pourront surgir conscience et renaissance.

Dominique Venner

Notes

  1. Dominique Venner, Histoire et tradition des Européens. 30 000 ans d’identité, Le Rocher, 2002.
Courrier des lecteurs

Actualité de l’histoire

Éditorial

Le défi des civilisations. Par Dominique Venner

Portrait/Entretien

Emmanuel Le Roy Ladurie : les confidences d’un historien. Propos recueillis par Patrick Jansen

Découvertes
  • Un roi dans la tourmente. Par Emma Demeester
  • James Bond, un mythe inaltérable. Par Norbert Multeau
  • L’enjeu irakien. Par Régis Constans
  • Une amazone royaliste. Par Anne Bernet
  • Nietzsche invente Zarathoustra. Par Frédéric Chambard
  • Paul Sérant, l’indépendance faite homme. Par Jean Mabire
Jeu

Charles IX et son temps

Dossier. Islam et islamisme
  • Au commencement était Mahomet. Par René Marchand
  • Une conquête fulgurante. Par Annie Laurent
  • De Mahomet à l’islamisme contemporain. Par Philippe Conrad
  • Le Coran au crible de la critique. Entretien avec Dominique Urvoy. Propos recueillis par Annie Laurent
  • Islam et violence. Par Antoine Moussali
  • Islam et christianisme. Par Ram Swarup
  • Ces écrivains attirés par l’Orient. Par Arnaud Guyot-Jeannin
  • Réflexions sur le sort de la femme musulmane. Par Pauline Lecomte
  • Culpabilité autochtone et immigration musulmane. Par Hadrien Dekorte
  • Les Européens, ces ennemis. Par René Marchand
  • Géopolitique de l’Islam. Par Aymeric Chauprade
  • La Turquie, cheval de Troie de l’islamisme. Par Xavier Pauly et Laurent Latruwe
  • Le djihad algérien. Par Péroncel-Hugoz
  • Islamisme et terrorisme. Par Charles Vaugeois
Livres

Le débat : La République est-elle condamnée ? Charles Vaugeois, Louis Sorel et Pierre de Meuse

Actualité des livres historiques

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Le coin des rééditions https://www.la-nrh.fr/2002/07/le-coin-des-reeditions/ https://www.la-nrh.fr/2002/07/le-coin-des-reeditions/#respond Mon, 01 Jul 2002 13:10:29 +0000 https://www.la-nrh.fr/?p=87 Le coin des rééditions
Voici de nouveau disponible, dans une édition complétée, le meilleur portrait intellectuel jamais consacré au pamphlétaire sulfureux des Décombres, à l’auteur encyclopédique de l’Histoire de la Musique (Bouquins), au romancier virtuose des Deux étendards (Gallimard). Tout se trouve dans ce petit livre enlevé à la hussarde par un esprit libre et profond.]]>
Le coin des rééditions
Source : La Nouvelle Revue d’Histoire n°1, juillet-août 2002. Si vous souhaitez acheter ce numéro, rendez-vous sur la e-boutique en cliquant ici.
Rebatet. Par Pol Vandromme, Pardès, 2002, 127 p., 12 €

Voici de nouveau disponible, dans une édition complétée, le meilleur portrait intellectuel jamais consacré au pamphlétaire sulfureux des Décombres, à l’auteur encyclopédique de l’Histoire de la Musique (Bouquins), au romancier virtuose des Deux étendards (Gallimard). Tout se trouve dans ce petit livre enlevé à la hussarde par un esprit libre et profond.

Le Tour de Jules Verne en 80 livres. Par Ghislain de Diesbach, Perrin, 319 p., 20,58 €

« Jules Verne, écrit Diesbach, n’a pas été un Balzac de la jeunesse mais il a créé, lui aussi, un univers particulier, mystérieux, captivant qui, pour ses lecteurs devenus grands, est une patrie intellectuelle aussi attachante que la Comédie humaine. » De cette patrie, les héros sont presque tous anglo-saxons : « On les haïssait mais on ne pouvait s’empêcher de les admirer. »

Imprégné en son jeune temps d’idées rousseauistes, Jules Verne évolue vite vers des idées moins politiquement correctes. L’homme blanc et l’Europe sont à leur apogée. Le grand Jules s’entend à camper ses conquistadores, ses savants et ses aventuriers.

La France sous les bombes américaines, 1942-1945. Par Jean-Claude Valla, Cahiers Libres d’Histoire n°7

On se souvient du bombardement atomique d’Hiroshima en août 1945, mais on ignore souvent que les bombes anglo-américaines sur la France ont fait presque autant de victimes (70 000). C’est à retrouver cette réalité oubliée que s’attache cet ouvrage précis et méthodique. On y trouve le relevé des destructions et victimes ville par ville. Le chapitre introductif sur les bombardements de terreur pendant la Seconde Guerre mondiale est un modèle de clarté.

Écosse : Les liaisons tumultueuses avec Londres. Par James Mac Cearney, Picollec, 224 p., 19 €

Après avoir signé en 1999, chez le même éditeur, une excellente étude sur La Révolte des Cipayes de 1857, l’auteur analyse ici les relations ambigües depuis quatre siècles entre l’Écosse et l’Angleterre. Soumises à un même roi à partir de Jacques Ier Stuart rassemblées par l’Édit d’Union de 1707 et par la défaite du dernier prétendant Stuart à Culloden en 1746, les deux nations partagent depuis un destin commun mais si l’Angleterre est en position dominante, les Écossais n’en ont pas moins joué un rôle de premier plan à la Cour et au Parlement. L’auteur montre ainsi que la perte de souveraineté n’a pas mis en cause l’identité écossaise.

La Double impasse. Par Michèle Roberts, Calmann-Lévy, 280 pages, 18,60 €

Nous sommes en Angleterre en 1790. Jemina, jeune orpheline fraîchement émoulue d’un pensionnat va suivre à Paris son professeur, fervente féministe et admiratrice d’Olympe de Gouge. Ensemble, elles voudraient témoigner des conquêtes que la Révolution française accorderait aux femmes. Durant son séjour en France elle rencontre Annette, jeune royaliste, qui assiste avec effroi à l’effondrement de son monde. Emportées par la tourmente, elles se réfugient en Normandie pour cacher des grossesses illégitimes. L’une est enceinte d’un révolutionnaire français, l’autre d’un poète anglais.

À travers leurs amours, elles illustrent les futurs bouleversements de la condition féminine. Jemina, la féministe, défend l’amour libre, à l’inverse d’Annette qui préfigure les amours romantiques. Ces deux femmes seront déçues et trahies. Leurs amants ne justifient pas leur confiance. Le titre La Double impasse laisse songeur sur les intentions de l’auteur qui a imaginé des personnages masculins particulièrement méprisables. Sans être un roman à thèse, bien que de tonalité féministe, ce récit alertement écrit laisse voir à travers le destin de ces deux femmes blessées, que leur imaginaire, tout en étant différent, a fait d’elles des victimes, sans favoriser l’épanouissement de leur féminité. Peut-être existe-t-il d’autres chemins que les impasses du féminisme, l’auteur ne nous le dit pas, aux lectrices donc de l’imaginer.

Le Maître d’armes. Par Alexandre Dumas, Éditions des Syrtes, 271 pages, 15 €

En 1820, un maître d’armes français part faire fortune en Russie. Très vite, il y côtoie l’élite de l’aristocratie russe et devient le témoin des amours d’une jeune couturière française et d’un officier russe, impliqué dans un complot contre le tsar Paul Ier. Ce récit, inédit depuis un siècle, tient plus du carnet de voyage que du roman historique. Alexandre Dumas met ici tout son talent pour évoquer une Russie éternelle qui n’a jamais cessé de le fasciner.

La Princesse de Lumière. Par Jean-Michel Thibaux, Éditions Anne Carrière, 376 p., 19,80 €

Venise (1535) : Le doge Andrea Gritti soustrait plusieurs jeunes filles de la noblesse vénitienne à leurs familles afin de les former au métier d’espionnes. L’une d’entre elles, Cécilia, l’héroïne, est destinée au harem de Soliman le magnifique. Inspiré de faits réels, ce récit aurait pu être captivant si l’auteur avait su rendre son héroïne plus attachante. Pourtant, Jean-Michel Thibaux possède un réel talent de conteur.

Histoire du terrorisme. Par Dominique Venner, Pygmalion, 250 p., 20,30 €

Braquant son attention sur une dizaine d’exemples types, Dominique Venner couvre d’une plume alerte toute l’histoire du terrorisme moderne. Le terrorisme, dit-il, diffère des simples assassinats politiques. Il consiste en des actions concertées ayant pour but de contraindre un adversaire puissant à se soumettre, le poussant à la faute. À ses yeux personne n’est innocent. Son histoire sanglante commence en 1881 avec l’assassinat du tsar Alexandre II par les nihilistes russes, aussitôt imités par les anarchistes de la Belle Époque. Puis viendra l’attentat de Sarajevo (1914) orchestré par les services serbes contre les Habsbourg. Après 1918, tandis que se déploie la terreur bolchevique en Russie, commence la lutte farouche et couronnée de succès de l’IRA irlandaise (1919-1921), suivie de celle de l’Oustacha croate. Une extension énorme est provoquée par la résistance armée pendant la Seconde Guerre mondiale, orchestrée tant par Staline que par Churchill. Le recours au « partisan » (Carl Schmitt) se généralise après 1945 dans les guérillas de la décolonisation. Plus tard, dans la foulée de 1968 et sur fond d’antifascisme, viendra la sanglante équipée des Brigades rouges italiennes (7 866 attentats), de la FAR allemande ou d’Action Directe. Respectant la chronologie, Venner consacre sa dernière étude à décrypter les mystères du Moyen Orient, la révolte palestinienne, puis l’islamisme révolutionnaire né de la révolution khoméniste de 1979. À New York, le 11 septembre 2001, explose un « choc des civilisations » qui trouve son prolongement dans les banlieues de l’islam. Sur un sujet immense, une synthèse brillante.

Histoire de l’écriture. Sous la direction d’Anne-Marie Christin, Flammarion, 405 p., 75 €

Un travail sans équivalent, couvrant les origines et l’évolution de l’écriture en Chine, en Asie, au Proche-Orient, en Égypte, comme en Europe. Des sujets rarement abordés : la proto-écriture de la région danubienne, l’écriture ogamique, l’écriture runique, les écritures bouddhiques, le rôle de l’écriture dans la civilisation maya, etc. Trois grandes parties : Origines et réinventions. Alphabets et écritures dérivées. L’image dans l’écriture en Occident. Riche iconographie, citations d’auteurs, index. Indispensable.

Crédit photo : wcouch via Flickr (cc)

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