relations internationales – La Nouvelle Revue d'Histoire https://www.la-nrh.fr L'histoire à l'endroit Tue, 22 Aug 2017 11:56:13 +0000 fr-FR hourly 1 Éditorial et sommaire du n°82 (janvier-février 2016) https://www.la-nrh.fr/2016/01/editorial-et-sommaire-du-n82-janvier-fevrier-2016/ https://www.la-nrh.fr/2016/01/editorial-et-sommaire-du-n82-janvier-fevrier-2016/#respond Fri, 01 Jan 2016 08:00:07 +0000 https://www.la-nrh.fr/?p=2070 Éditorial et sommaire du n°82 (janvier-février 2016)
On imagine qu’en mars prochain le cinquantième anniversaire de la sortie de l’OTAN décidée en 1966 par le général De Gaulle ne retiendra guère l’attention.]]>
Éditorial et sommaire du n°82 (janvier-février 2016)

De Gaulle, la France et l’Amérique

On imagine qu’en mars prochain le cinquantième anniversaire de la sortie de l’OTAN décidée en 1966 par le général De Gaulle ne retiendra guère l’attention. L’événement était pourtant de taille, dix-sept ans après la formation de l’Alliance atlantique. On se souvient des véhémentes critiques formulées par les atlantistes de tous bords et de la publicité donnée à l’évacuation des bases américaines installées dans l’Hexagone. Dotée depuis peu d’une force nucléaire autonome, la France ne pouvait logiquement demeurer dans une organisation militaire intégrée au sein de laquelle sa liberté de décision se serait trouvée mise en cause. Rapidement conclus, les accords Ailleret-Lemnitzer allaient en revanche prévoir, en cas de conflit, les modalités d’engagement des forces françaises aux côtés des alliés. Le choix de l’indépendance effectué par De Gaulle ne signifiait donc pas une rupture avec la grande puissance alliée. Il s’inscrivait pourtant dans une politique étrangère perçue comme celle d’un adversaire de Washington et certains interprétèrent cet antagonisme comme l’écho des relations difficiles qu’avait entretenues le général avec les Américains durant la Deuxième Guerre mondiale.

« Un Français fanatique à l’esprit étroit, dévoré d’ambition et ayant de la démocratie une conception plutôt suspecte », c’est en effet en ces termes que Franklin Delano Roosevelt juge le chef du mouvement des Français libres qui, avec l’appui de Churchill, a décidé dès l’été 1940 de refuser la défaite. Celui qui entend incarner, avec bien peu de moyens pour le faire, le relèvement de la France supporte mal le maintien des relations entre Washington et Vichy, ou la faveur plus grande dont bénéficie le général Giraud auprès des Américains, pour ne rien dire de la volonté de ceux-ci d’imposer à la France, à travers l’AMGOT, le statut d’un territoire occupé par les Alliés. Selon le ministre britannique Oliver Lyttelton : « De Gaulle n’a jamais rien laissé passer, c’est ainsi et non par la souplesse et l’urbanité qu’il s’est fait respecter. » Le retour dans la guerre des forces françaises et la part qu’elles prennent à la victoire ne sont pas plus importants pour De Gaulle que sa volonté d’affirmer la souveraineté et la « grandeur » de la France vis-à-vis des Alliés qui, après le désastre de 1940, ne voyaient plus en elle qu’un acteur mineur du monde à venir.

Après 1958, le fondateur de la Ve République entend réaffirmer l’indépendance du pays et défier la puissance dominante. S’il soutient d’emblée Kennedy en octobre 1962 lors de la crise de Cuba, il poursuit ses efforts en matière d’armement atomique et s’oppose à la politique américaine au Vietnam. Huit ans avant les États-Unis, le général reconnaît dès 1964 la Chine populaire et tente l’année suivante, avec son voyage en URSS et au nom d’une « Europe de l’Atlantique à l’Oural  », d’engager une « détente » avec le bloc de l’Est. Les voyages effectués en Amérique du Sud, le discours de Phnom Penh ou celui du « Québec libre  » viennent confirmer, tout comme le projet d’un retour à l’étalon-or, la prise de distance avec Washington. Les choses changent toutefois quand Richard Nixon succède à Lyndon Johnson – avec qui De Gaulle ne s’est jamais entretenu en tête à tête – car le nouveau président américain est un admirateur du général et, en 1969, à la veille du départ de De Gaulle, un net réchauffement des relations s’opère, à un moment où l’intervention soviétique à Prague a sérieusement refroidi les espoirs d’un rapprochement avec l’Est.

Septuagénaire issu de la vieille Europe, formé dans le contexte des drames de la première moitié du siècle, le général De Gaulle – qui surestimait sans doute les possibilités de la France et sa capacité à assumer sa « grandeur » passée, dans un monde où il n’avait pas évalué l’ampleur de la révolution culturelle porteuse des événements de 1968 – avait en revanche parfaitement compris la nécessité de l’indépendance et de la puissance et savait que celle-ci ne valait qu’au service d’une volonté.

Philippe Conrad

Courrier des lecteurs
Éditorial

De Gaulle, la France et l’Amérique. Par Philippe Conrad

Actualité
  • La caméra explore l’histoire. Le Troisième homme. Par Philippe d’Hugues
  • Le billet inattendu de Péroncel-Hugoz. Oraison la bien nommée
Portrait

La nouvelle Allemagne. Entretien avec Thierry Buron. Propos recueillis par Pauline Lecomte

Découvertes
  • Gambetta. La République et la patrie. Par Emma Demeester
  • Anne de Kiev, reine capétienne. Par Péroncel-Hugoz
  • Les Murat, entre gloire, drame et comédie. Par Anne Bernet
  • 1829-2015. Pourquoi le désastre grec ? Par Yves Morel
  • 1915-1916 : Martyre et renaissance de l’armée serbe. Par Rémy Porte
  • Les militaires et la musique. Par Jean-François Gautier
  • Comprendre le chaos libyen. Entretien avec Bernard Lugan. Propos recueillis par Pauline Lecomte
Jeu

Gambetta et son temps

Dossier. De Gaulle et les Américains
  • Présentation du dossier
  • 1940-1945 : Le duel De Gaulle-Roosevelt. Par Pierre-Yves Rougeyron
  • Giraud et les Américains. Par Hervé Giraud
  • La France devient puissance nucléaire. Par Nicolas Vimar
  • 1966. La France sort de l’OTAN. Par Philippe Fraimbois
  • De l’Atlantique à l’Oural : De Gaulle et l’Union soviétique. Par Gaël Moullec
  • De Gaulle en Roumanie ou le temps des illusions. Par Martin Benoist
  • De Gaulle et Jacques Rueff. Contre le dollar-roi. Par Lionel Rondouin
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Éditorial et sommaire du n°2 (septembre-octobre 2002) https://www.la-nrh.fr/2002/09/editorial-et-sommaire-du-n2-septembre-octobre-2002/ https://www.la-nrh.fr/2002/09/editorial-et-sommaire-du-n2-septembre-octobre-2002/#respond Sun, 01 Sep 2002 08:00:47 +0000 https://www.la-nrh.fr/?p=524 Éditorial et sommaire du n°2 (septembre-octobre 2002)
Dix ans plus tôt, les augures avaient prédit que l’on entrerait dans l’époque apaisée d’un nouvel ordre mondial. En fait, le monde se dirigeait vers les remous symbolisés par les attentats du 11 septembre 2001.]]>
Éditorial et sommaire du n°2 (septembre-octobre 2002)

Le divorce euro-américain

Dix ans plus tôt, les augures avaient prédit que l’on entrerait dans l’époque apaisée d’un nouvel ordre mondial. En fait, le monde se dirigeait vers les remous symbolisés par les attentats du 11 septembre 2001. Cette turbulence entraîne un divorce toujours plus net entre l’Europe et les États-Unis. La solidarité a fait place au désaveu. Les Européens s’offusquent du mépris affiché par les Américains pour les règles du droit international. Ils s’inquiètent de leur cynisme dans le conflit israélo-palestinien. Ils réprouvent le recours systématique aux armes, par exemple contre l’Irak. Ils découvrent que les États-Unis sont guettés par la démesure.

À la réprobation des Européens, les Américains répondent par l’impatience et le mépris. Dédaignant la langue de bois diplomatique, un ancien haut fonctionnaire du département d’État, M. Robert Kaplan, ne l’a pas envoyé dire. Pour cet expert, les divergences entre Européens et Américains reflètent tout simplement leur poids différent dans le monde. Du temps de leur puissance, dit-il, les Européens avaient toujours pratiqué la Machtpolitik (politique de force) qu’ils reprochent aujourd’hui aux Américains. Terrassés depuis la Seconde Guerre mondiale, ils voient désormais les choses avec les yeux du faible. Ils mettent donc leurs espoirs dans un monde où la force ne compterait plus, remplacée par des arbitrages. Paradoxalement, les Européens épousent ainsi la vision des choses qui était autrefois celle des Américains. Mais, maintenant que ces derniers ont pris la place occupée jadis par l’Europe, ils ne croient plus aux bienfaits du droit international, sauf quand ils le manipulent. Ils ont découvert que le monde n’est pas peuplé de moutons mais de loups. Ils ont appris que des menaces surgissent perpétuellement et doivent être affrontées virilement. Bref, ils ont échangé leur ancien idéalisme pour un réalisme qui avait été l’apanage des Européens durant toute leur histoire.

Dans l’Europe d’aujourd’hui, se félicite un diplomate britannique, « la raison d’État et l’amoralisme des théories de Machiavel sur l’art de gouverner ont été remplacés par la conscience morale ». Ironisant sur ces propos angéliques, M. Kaplan observe que les Européens ont répudié le monde de la jungle, décrit par Hobbes, pour celui de la paix perpétuelle souhaitée par Kant, un monde qui serait soumis à une loi morale universelle. M. Kaplan s’en amuse. Il a raison.

Mais les Américains ont leur part dans la dénaturation des Européens. Depuis au moins quarante ans, la nouvelle classe dirigeante européenne s’est laissé dénationaliser par imitation. L’Europe d’aujourd’hui s’est transformée en copie des États-Unis. Une copie qui aurait emprunté le pire en oubliant ce qu’il y a de bon. Le pire, c’est un matérialisme vulgaire, un cosmopolistisme de bazar, qui insultent ce que fut l’Europe. Résumons. Ce qu’elle fut, c’est un prodigieux foyer de rayonnement spirituel et de culture enracinée, incarné tour à tour par Athènes, Rome et Paris. Il suffit de comparer ce que furent ces villes avec le cauchemar triste de New York pour mesurer l’ampleur de la chute.

Après 1945, comme le dit fort justement M. Kaplan, les Européens ont cessé d’être eux-mêmes. Les horreurs des guerres passées leur apparurent comme une condamnation de leur civilisation. Il faut dire qu’Américains et Soviétiques s’ingénièrent à les en convaincre. Sans même en avoir conscience, les Européens ont vécu depuis dans l’orbite des vainqueurs, se partageant entre imitateurs du soviétisme et imitateurs de l’américanisme.

Décérébrés, ignorant leur histoire, les Européens confondirent, dans leur rejet des excès récents, ce qui relevait de la grande tradition classique de l’Europe et de sa perversion. La Realpolitik, si l’on ose dire, dont Richelieu, Metternich ou Bismarck avaient été les brillantes incarnations, n’était pas fondée sur la force, mais sur la ferme distinction entre morale et politique, sur l’appréciation des réalités géopolitiques, et sur le « droit des gens européen » qui régissait les relations entre les États en limitant l’ampleur des guerres. Après avoir été ébranlée par le cataclysme de la Révolution française, cette tradition fut rétablie au congrès de Vienne. Mais le virus n’était pas vaincu. Le messianisme révolutionnaire était porteur des passions monstrueuses qui allaient détruire l’Europe entre 1914 et 1945.

En dépit de ce qu’il y eut de critiquable dans la gestion de certaines questions brûlantes de politique intérieure, le général de Gaulle fut le dernier chef d’État à incarner la tradition européenne des relations internationales. Invoqué à tort et à travers par de faux disciples, son exemple est oublié. Mais l’époque troublée qui commence exigera d’autres réponses que le sirop des discours rassurants et des platitudes convenues.

Dominique Venner

Courrier des lecteurs
Actualité
Éditorial

Le divorce euro-américain. Par Dominique Venner

Réflexion sur le cinéma historique

Par Norbert Multeau

Portrait/Entretien

Philippe Masson. Propos recueillis par Patrick Jansen

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  • La guerre qui a détruit le monde grec. Par Emma Demeester
  • Ninon de Lenclos, une courtisane du Grand Siècle. Par Pauline Lecomte
  • Rites et secrets de Saint-Cyr. Par Pierre Montagnon
  • Enquête sur Marie-Antoinette. Entretien avec Simone Bertière. Propos recueillis par Éric Vatré
  • Jeu : Alexandre Dumas et l’histoire
  • Alexandre Dumas, témoin de son temps. Par Jean Tulard
  • Comment fut détruit le lycée de Jules Ferry. Par Philippe Darcy
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  • Retour sur le 11 septembre. Par Dominique Venner
Dossier. L’empire américain : jusqu’où ?
  • Chronologie de l’histoire américaine. Par Philippe Conrad et Charles Vaugeois
  • Glossaire politique et culturel
  • Un totalitarisme doux. Par Alexis de Tocqueville
  • Roosevelt, l’homme de Yalta
  • Comment être un bon Américain. Par Thomas Molnar
  • Le désastre du Vietnam
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  • Nord et Sud : des états désunis. Par Dominique Venner
  • Les secrets économiques et culturels de la puissance. Entretien avec Pascal Gauchon
  • Les privilèges du dollar
  • Henry Miller juge son pays natal. Par Jean Mabire
  • Biblisme et politique. Par Philippe Alméras
  • Le paradoxe américain. Par Victor C. Parker
  • La révolte de l’Amérique d’en bas. Par Nicolas Kessler
  • Les droites américaines
  • L’arme hollywoodienne. Par Philippe d’Hugues
  • L’« American way of war ». Par Pascal Landes
  • Comment l’Amérique veut vaincre la Chine. Par Aymeric Chauprade
Livres
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