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La seule légitimité de l’art contemporain est devenue exclusivement financière, au point que ses détracteurs peuvent le désigner aujourd’hui sous le nom de « Financial Art ».

Coup de tête : la mondialisation artistique

L’imposture de l’art contemporain. Une utopie financière, d’Aude de Kerros

Source : La Nouvelle Revue d’Histoire n°82, janvier-février 2016. Pour retrouver ce numéro, rendez-vous sur la e-boutique en cliquant ici.

Chroniqueuse attentive de l’actualité artistique, Aude de Kerros analyse depuis plusieurs années l’évolution de l’Art dit « Contemporain » (AC) et nous propose, sur ce sujet, une actualisation des plus utiles.

L’imposture de l’art contemporain. Une utopie financière

L’imposture de l’art contemporain. Une utopie financière

Elle nous explique comment, en septembre 2008, le public stupéfait comprend ce qu’est un produit financier dérivé « sécurisé ». C’est l’occasion pour les acteurs du monde de l’art de découvrir les clefs du mystère de la valeur de « l’art contemporain ». Ils peuvent désormais comprendre comment se fabrique de la liquidité à partir d’objets sans valeur justifiée. Un produit financier dérivé et haut de gamme a cependant échappé au naufrage, c’est l’art contemporain. En effet, depuis la crise, les ventes n’ont pas cessé de battre des records.

Aude de Kerros nous explique les raisons de ce phénomène en mettant en lumière plusieurs données : la richesse extrême des collectionneurs d’AC, la fabrication de cotes en réseau fermé, l’existence enfin d’un délit d’initiés systémique. Un analyste de ces questions constate que « l’évolution de l’art contemporain a vu se renforcer considérablement le poids du marché par rapport aux institutions, sans parler de la critique dont l’influence est décrite comme devenant très secondaire, si ce n’est négligeable. » La seule légitimité de l’art contemporain est devenue exclusivement financière, au point que ses détracteurs peuvent le désigner aujourd’hui sous le nom de « Financial Art ». Il s’inscrit dans le processus général d’une globalisation qui trouve son accomplissement symbolique dans les produits artistiques et culturels, notamment en France où « l’événement d’art contemporain », construction de marketing et de communication, a été modélisé à la perfection, dans la mesure où ses fonctionnaires autorisent et facilitent la privatisation des lieux de mémoire et de prestige, ce dont rendent compte les diverses « installations » qui sont venues, ces dernières années défigurer Versailles.

Sécurisé et globalisé, le marché de l’art contemporain apparaît à ses acteurs à l’abri de toute remise en cause « à moins d’une catastrophe géopolitique mondiale majeure »… C’est peut-être aller vite en besogne car l’hégémonie des grands médias résiste de plus en plus difficilement à la concurrence du Net et les marchands mesurent les limites des créations formatées par le marketing et la communication, les attentes du public ne pouvant se décréter.

Crédit photo : Michael Korcuska via Flickr (cc)

À propos de

L’imposture de l’art contemporain. Une utopie financière. Par Aude de Kerros, Éditions Eyrolles, 256 p., 25 €

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