La Nouvelle Revue d'Histoire : "L'histoire à l'endroit". Fondée en 2002 par Dominique Venner et dirigée par Philippe Conrad.

L’enseignement de l’histoire est mis au service d’un projet métapolitique évident qui vise, au nom d’une vision universaliste dévoyée, à préparer l’avènement d’un « meilleur des mondes » rêvé par des idéologues incultes.

Éditorial et sommaire du n°79 (juillet-août 2015)

Éditorial et sommaire du n°79 (juillet-août 2015)

Le combat pour l’histoire plus nécessaire que jamais

Il y a trente-cinq ans, Alain Decaux appelait, dans les colonnes du Figaro Magazine d’alors, à réagir face aux menaces pesant sur l’enseignement de l’histoire. La phobie de la « chronologie », des connaissances factuelles et de l’histoire « nationale » allant tout de même bon train, ignorances et lacunes ne firent que s’accumuler, au détriment des jeunes générations, bien mal armées pour aborder ensuite les défis de ce qui restait de « l’élitisme républicain ».

On aurait pu penser que l’échec patent des orientations retenues allait conduire la nomenklatura politico-syndicale, qui gère depuis des décennies le ministère de l’Éducation nationale, à revoir sa copie et à rétablir les fondamentaux nécessaires. Il n’en a rien été et la valse des programmes, tout comme leur allégement régulier, s’est poursuivie comme si de rien n’était, dans un contexte général où la régression de l’enseignement des langues anciennes, de la littérature française ou de la géographie élémentaire venait aggraver l’état des lieux.

L’effondrement accéléré de notre système d’enseignement a, depuis, engendré une succession de réformes aussi inopérantes les unes que les autres et le recul des savoirs et de la culture générale s’est confirmé de manière alarmante. Pour réagir à cette situation, rien de tel pour le bateau ivre qu’est devenue notre Éducation, qui n’est plus guère « nationale », que d’engager une nouvelle réforme, celle qui doit restaurer « l’égalité » et permettre de relever les défis du futur. On sait ce qu’il en est au vu des débats ouverts ces dernières semaines.

D’éminents esprits que l’on ne peut guère soupçonner de penchants réactionnaires – Régis Debray, Jacques Julliard, Alain Finkielkraut, Michel Onfray, Pierre Nora ou Jean-Pierre Chevènement, en fait des « pseudo-intellectuels » selon la jeune ministre concernée – ont dit leur colère et leur inquiétude face à la démolition en cours, largement responsable, au nom de « l’égalitarisme », des inégalités grandissantes que l’on prétend combattre…

Dans cette réforme, l’enseignement de l’histoire est mis au service d’un projet métapolitique évident qui vise, au nom d’une vision universaliste dévoyée, à préparer l’avènement d’un « meilleur des mondes » rêvé par des idéologues incultes. Il faut, dans cette perspective, faire disparaître ce qui reste d’une histoire nationale qui est aux antipodes de ce que « croit » l’un des tenants de la réforme. Au nom d’une humanité hors sol vouée désormais aux délices de la consommation et de la crétinisation de masse, il faut vider les mémoires de tout ce qui contribue à la constitution et au maintien des identités.

On oublie toutes les périodes glorieuses de notre histoire (on ne célèbre pas Austerlitz mais on participe aux commémorations anglaises de Trafalgar), on instaure la repentance pour les crimes contre l’humanité que furent l’esclavage et la colonisation. En oubliant que le premier fut d’abord pratiqué par les Africains eux-mêmes et qu’il le fut beaucoup plus longtemps par les musulmans que par les Européens, qui furent à l’origine de son abolition. En ignorant que, si la colonisation a eu sa part d’ombre, elle n’en a pas moins permis l’accès à la modernité – pour le meilleur et pour le pire – de continents entiers… À l’inverse, la part faite désormais dans l’enseignement secondaire aux grandeurs de l’Islam et du Monomotapa, alors que des pans entiers de l’histoire de France disparaissent des programmes, révèle la gravité de la situation.

Elle impose le choix de la résistance, qui sera le fait des familles et de la société réelle et, sur ce front nouveau, les succès, déjà, ne manquent pas. Il s’agit de reconstruire une mémoire nationale et européenne, fondée sur la réalité des peuples et des territoires et sur une conscience historique seule à même de permettre la renaissance d’une France dont l’identité ne se résume pas à l’histoire des deux derniers siècles.

Philippe Conrad

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Le combat pour l’histoire plus nécessaire que jamais. Par Philippe Conrad

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