La Nouvelle Revue d'Histoire : "L'histoire à l'endroit". Fondée en 2002 par Dominique Venner et dirigée par Philippe Conrad.

Personne mieux qu’Ernst Nolte n’a souligné, documents à l’appui, le caractère « antibolchevique » du fascisme et du national-socialisme.

La guerre civile européenne, 1917-1945

La guerre civile européenne, 1917-1945

Source : La Nouvelle Revue d’Histoire n°55, juillet-août 2011. Pour retrouver ce numéro, rendez-vous sur la e-boutique en cliquant ici.

Selon l’expression juste d’Ernst Nolte, la guerre civile européenne est le conflit inédit provoqué à la fin de 1917 par la prise du pouvoir (imprévisible), dans l’empire le plus vaste du monde, du petit parti de Lénine.

Le but avoué des bolcheviques était le renversement de la société, l’extermination de plusieurs classes sociales et une guerre civile mondiale. C’était une nouveauté historique absolue. Dans le climat de troubles graves d’une grande partie de l’Europe à l’issue de la Grande Guerre (1914-1918), cette ambition semblait accessible. De fait, un peu partout en Europe, notamment dans l’Allemagne vaincue de 1919, des soulèvements se produisirent, dirigés par des émules de Lénine. Le projet de celui-ci semblait se réaliser, ce qui supposait partout l’extermination physique des membres des classes bourgeoises.

La guerre civile européenne. Par Ernst Nolte

La guerre civile européenne. Par Ernst Nolte

La réalisation de cet incroyable dessein entraîna partout des résistances. Les plus fortes se manifestèrent dans les pays les plus menacés, l’Italie et l’Allemagne. C’est là, à la faveur de circonstances exceptionnelles, que sortirent de rien (sinon de la guerre) de nouvelles élites violentes qui n’avaient pas l’intention de se laisser égorger, squadristes en Italie, Freikorps en Allemagne. Surgirent aussi du néant des personnalités d’exception, Mussolini ou Hitler. Alors qu’en Russie, les « gardes blancs » hostiles aux bolcheviques avaient été vaincus, leurs équivalents italiens et allemands triomphèrent des bolcheviques locaux. Telle est, de façon succincte, l’histoire qui a conduit à la naissance du fascisme et du national-socialisme.

Dès l’origine, l’un et l’autre furent des « antibolchevismes », même s’ils ne furent pas que cela. Ils portaient en effet de véritables projets révolutionnaires, ce qu’a bien noté François Furet (Le Passé d’une illusion). Personne mieux qu’Ernst Nolte n’a souligné, documents à l’appui, ce caractère « antibolchevique » du fascisme et du national-socialisme. En raison de la personnalité d’Hitler et de la proximité entre l’Allemagne et la Russie, le national-socialisme ajouta une dimension nouvelle, celle de l’antisémitisme. Selon Nolte, l’antécédent exterminationiste des bolcheviques est le « nœud causal » du futur projet d’extermination des Juifs européens par Hitler.

Nolte ajoute une interprétation neuve et importante de la genèse des idéologies applicable à Hitler. Ce ne sont pas des constructions ex abstracto, mais le résultat d’expériences vécues et d’émotions fondamentales. L’antisémitisme extrême d’Hitler est la conséquence de ce qu’il a retenu du bolchevisme après 1917 : une révolution antinationale dirigée en grande partie par des Juifs, et soutenue, de l’extérieur, par des financiers juifs américains ou autres. D’où la certitude chez lui d’une malfaisance juive mettant la civilisation européenne en danger. On se doute que cette thèse souleva des réactions violentes en Allemagne (la « querelle des historiens » de 1986).

La réédition en format de poche du livre de Nolte est un événement. Publié en Allemagne en 1997 (amplification d’un article de 1986), traduit aux Syrtes en 2000, il était épuisé. Le voici de nouveau disponible à un prix accessible, avec une préface de Stéphane Courtois et un avant-propos dans lequel Ernst Nolte conte la genèse de son livre. L’auteur décrit son propre itinéraire qui, à lui seul, est passionnant. Formé aux études philosophiques, rien ne le préparait en principe à devenir un historien majeur du « siècle des révolutions ».

Dominique Venner

À propos de

La guerre civile européenne. Par Ernst Nolte, Perrin Tempus, 937 p., index, 12 €

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