Le 7 octobre 1860, pour contraindre la Chine à s’ouvrir au commerce de l’opium, Lord Elgin donne l’ordre d’incendier le Palais d’été…

Le Sac du Palais d’été. Seconde guerre de l’opium

C’est en exploitant une quarantaine de récits et de témoignages contemporains – carnets des acteurs, journaux de marche des unités militaires ou chroniques chinoises – que l’auteur reconstitue les événements qui conduisent une expédition anglo-française d’une vingtaine de milliers d’hommes commandés par les généraux Grant et Cousin-Montauban (le futur « comte de Palikao ») à s’emparer de Pékin en 1860 et, surtout, à mettre à sac et à incendier le prestigieux Yuanming yuan, le somptueux Palais d’été des empereurs mandchous (ne pas confondre avec l’actuel Palais d’été édifié plus tard). Une destruction que les Chinois considéreront toujours par la suite comme une agression barbare assimilable à un crime contre la civilisation.

L’auteur n’hésite pas à affirmer que cet événement constitua pour la Chine un choc comparable à ce qu’aurait été, en 1871, la destruction de Versailles et du Louvre par les Prussiens victorieux. Il montre surtout que cette expédition, à laquelle les Français de Napoléon III participaient en acteurs secondaires pour venger un missionnaire assassiné, était avant tout pour les Anglais l’occasion d’imposer à l’Empire du Milieu l’ouverture de ses frontières au trafic de l’opium produit en Inde, qui devait faire la fortune des marchands britanniques établis à Calcutta tout en infectant des millions de Chinois.

Par sa puissance d’évocation et la qualité de son écriture, cet ouvrage prend heureusement la suite de L’Empire immobile ou le choc des mondes, le récit qu’Alain Peyrefitte nous avait donné en 1989 de la célèbre ambassade conduite à l’extrême fin du XVIIIe siècle par Lord Mac Cartney chez les fils du Ciel.

Philippe Conrad

À propos de

Le Sac du Palais d’été. Seconde guerre de l’opium. Par Bernard Brizay, Le Rocher, 575 p., 21 €

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